
MUMBAI
14 mars 2019
Me voilà qui débarque en Inde. Alors, avant toute chose, j’aimerais vous faire comprendre dans quel état d’esprit j’y atterrie. Je m’envole pour l’Inde pour y rejoindre une amie qui voyage en sac-à-dos avec son copain depuis le mois d’octobre. Ils sont en mode routard à 100% : Voyage en auto-stop, nuit sous la tente, l’aventure quoi ! C’est assez difficile de rejoindre des tourdumondiste, en général ils programment leur voyage au jour le jour. J’ai donc profiter de l’Inde pour les rejoindre car ils y restaient 3 mois. Au début, j’étais super méga excité. D’une, parce que je vais rejoindre ma pote que je n’ai pas vu depuis octobre. Et de deux, parce que je vais sortir d’Europe pour la première fois depuis 2016 ! Voilà presque trois ans que je n’ai pas mis un pied hors de l’Europe, enfin un peu de dépaysement !
Mais voilà, le départ approche de jour en jour et allez savoir pourquoi je me mets à stresser. Listons les sujets qui m’inquiètent :
- L’inde c’est sale. Déjà que je pète des plombs dans mon quartier parce qu’il est de plus en plus sale, alors comment je vais faire en Inde ? Est-ce que je vais supporter de voir tous ces déchets de partout ? Est-ce que ça ne va pas un peu gâcher mes vacances ? Alors je vous arrête tout de suite, non je ne suis pas la petite blanche occidentale qui souhaite partir dans un pays chaud pas très cher mais propre hein ! C’est juste qu’au quotidien, je suis engagée et l’écologie est un peu mon cheval de bataille. Avec monsieur ma moitié, nous essayons d’avoir une démarche zéro déchet. Et quand je vois les montagnes de déchets qui sont jeté dans la nature et dans l’océan, ça me fend le cœur et j’ai très peur pour notre avenir. Alors oui
- L’inde c’est pauvre. Vous allez me dire que c’es encore ce problème de blanc qui ne veut pas voir la misère du monde en face. Et ben, peut être que oui c’est un peu vrai. Tout simplement car je suis très sensible sur ce point. Rien que quand je vois un SDF dans le métro, ça m’arrive d’avoir les larmes aux yeux, j’aimerais tellement pouvoir l’aider plus que lui donner un euro ou un ticket restaurant. Mais malheureusement il faudrait bien plus que ça pour le sortir de la rue… Alors oui, je ne suis pas sûre de pouvoir regarder la misère dans les yeux et de pouvoir le supporter.
- L’inde c’est compliqué pour la femme. C’est bien ce que l’on dit non ? L’inde, le pays du viole. L’inde le pays où les hommes vous regardent avec insistance. Moi qui aime me balader comme je le souhaite en France, décolleté ou non, court ou long, comment vais-je supporter de me couvrir en Inde ? Moi qui suis vite à cran parfois quand les mecs me matte à La Chapelle (Les parisiens savent), est-ce que le comportement des indiens ne va pas me gâcher mes vacances ? Et oui, ça me fait peur, surtout depuis l’épisode de Pékin Express (oui je suis fan de cette émission) où les deux blondes se sont retrouvées en quelques minutes entourées de dizaines d’hommes qui les fixaient, horrible.
- Mais qu’est ce que je vais aller faire dans la région de Mumbai bon sang ? Plus je me renseigne sur internet, plus je me rends compte que c’est une des parties les moins touristiques de l’Inde. J’ai presque l’impression qu’il n’y a rien à voir ou rien à faire ! Et oui, j’ai presque peur de m’ennuyer ! C’est fou n’est ce pas ?
Alors voilà dans quel état d’esprit j’arrive ce 14 mars 2019 à Mumbai. Il est super tôt, 6h du matin, quelque chose comme ça, je n’ai pas dormi de la nuit. Je suis en short avec une leggings en dessous, il fait chaud, très chaud, j’ai envie d’enlever ce foutu leggings mais j’ai vite peur des regards. Mes potes doivent venir me chercher. Je les attends tranquillement, enfin pas si tranquillement que ça car même si je n’ai pas enlevé mon leggings, mon décolleté (léger) suffit à attirer les regards. La quasi totalité des femmes porte le Niqab, j’avoue que je ne m’attendais pas à ça, et je me sens presque nue à leur côté. Bref, mes potes arrivent et je me sens tout de suite mieux, je ne vois plus les regards insistants. En plus, c’est royal, ils s’occupent de tout et je n’ai qu’à les suivre. Et heureusement ! Car après coup, je pense qu’effectivement l’Inde si tu y va tout(e) seul(e), il faut se renseigner un minimum avant, il faut connaitre les bons filons et il faut un certain temps d’adaptation. Grace à eux, je n’ai pas eu à faire tout ça et franchement, ça fait du bien parfois de se laisser porter.
Nous prenons le bus, il fait encore nuit, le dépaysement que j’attendais est déjà là : les maisons au milieu des palmiers et autres arbres exotiques, les tuktuks, les klaxons dans tous les sens, la chaleur, les saris, l’hindi, etc, etc. J’en prend plein les yeux. Mumbai est une ville très verte. Un peu comme Jumanji, des arbres poussent de tous les côtés, le long des trottoirs, entre les habitations, c’est franchement splendide et très agréable. Nous enchaînons avec un train de ville, le moyen le plus efficace et le moins cher pour se déplacer ici. Nous nous rendons au marché aux fleurs qui se trouve juste à côté de la station Dadar. Il faut y aller tôt le matin pour en profiter.Nous arrivons et là c’est comme une bouffée intense d’humanité, la ruelle est étroite, ça grouille de monde, les étales sont remplies de légumes que je ne connais pas, de graines, de fruits… Puis nous arrivons dans la partie spéciale fleurs et là c’est une explosion de couleurs et de senteurs. Je traverse ce marché avec mon gros sac sur le dos, j’en prends plein les oreilles, les yeux, le nez. C’est un vrai plongeons dans la vie indienne. Quelques hommes se mettent à faire des « hoooo » sur notre passage mais ils gardent le sourire donc, même si c’est gênant, ce n’est pas méchant.
Nous reprenons le train et nous nous rendons dans un bazar. Ce bazar n’a rien d’exceptionnel mais c’est encore un nouveau morceaux d’Inde que je découvre. Nous tombons par hasard sur un marché couvert, sachez le, j’adore les marchés. Des fruits et légumes en pagaille, des babioles, des fleurs et des sacs en plastique remplis de poudre de couleur pour Holi qui approche. Nous traversons ensuite un couloir dédié à l’ail, et de l’autre côté, les mouches se multiplient et une odeur forte fait son apparition. J’aperçois des morceaux de poulet posés sur des cages avec des poulets vivants dedans. Au moins, la viande est fraîche. Nous poursuivons mais ça devient vraiment trop pour moi : tête d’animaux posée là et ici trois énormes tas d’entrailles d’animaux. Beeeerk c’est trop pour moi. L’Inde un pays de senteurs….
Nous faisons demi tour et allons à l’hôtel. Une douche et c’est reparti. Malgré ma nuit blanche je me sens pleine d’énergie. L’excitation peut-être ?
Nous nous rendons à l’hôtel pour faire une pause petit-déjeuner. Ah oui ! Ici un hôtel peut être pour dormir mais ça peut être aussi pour manger. Ne me demandez pas pourquoi, j’en sais rien.
Je goûte donc mon premier plat indien : un dosa masala, un classique du petit-déjeuner indien. Une crêpe avec de la pomme de terre à l’intérieur (pour moins d’un euro!). C’est épicé, je tombe même sur un Chili qui transforme la bouche en cheminée pendant un instant, mais c’est bon ! Je me régale ! L’inde un pays de saveurs…
Nous continuons notre journée en passant par la porte d’Inde, soit disant un truc à voir dans le coin, mouais, ça casse pas trois pattes à un canard.

Mais peu m’importe, ici tout prête au dépaysement et au spectacle. La circulation, les gens, les stands de nourritures partout. Je goûte au jus de canne à sucre, super bon, et au thé local, encore une fois je me régale. Et tout ça pour 10 roupies chacun (1€ vaut environ 80 roupies) !
Nous continuons notre visite de la ville en longeant la marina pour arriver sur les parcs en hauteur de la ville, notamment Hidden Garden. Super lieu pour profiter de la vue sur la ville et même voir des petits perroquets tout verts !
Pour la soirée, nous avons retrouvé un indien rencontré via Couchsurfing. Il nous propose une bière dans un bar où on se retrouve à jouer au Scrabble en anglais ! Je n’ai pas dois de la nuit, j’ai 20km dans les pattes, mais je gagne ahah !
Le 15 mars 2019
Après une bonne nuit de sommeil bien méritée et quelques abdos (faudra un jour que je vous parle de mon addiction du sport), nous prenons la route pour le plus célèbre Slum du monde : celui de Slumdog millionaire, Dharavi !
Alors un Slum, qu’est ce que ? Un genre de bidonville mais celui là n’est pas comme on l’imagine avec des maisons en tôles et plastiques, les maisons sont bien construites en dur. Ça reste néanmoins un quartier bien à part et malheureusement très précaire.
Les ruelles sont super super étroites, on se croirait au Moyen-Âge en Europe, des ruelles sombres et encombrés. Nous commençons notre visite dans la partie musulmane. Les gens nous regardent étrangement, ils se demandent sûrement ce que nous faisons là.
Mes deux copilotes se sentent en sécurité, moi, je ne suis pas sereine. Entre les personnes qui nous fixent, l’étroitesse des rues, l’obscurité, je ne suis pas très à l’aise. Ça reste tout de même une visite inoubliable et un must à faire. C’est du jamais vu.
Nous traversons une rue et sans nous nous en rendre compte nous changeons de religion et atterrissons chez les hindous. Les maisons sont toutes colorées, on change d’univers. L’Inde un pays de couleur…
Un jeune nous mène jusqu’à son école, les enfants nous entourent en nous demandant notre âge, notre pays, notre nom… C’est vraiment un chouette moment.

On décide de se rendre côté mer en marchant. En quelques pas nous traversons des quartiers très différents. Du slam aux ruelles étroites, nous passons au quartier résidentiel assez calme avec des immeubles de trois étages, puis à la rue extrêmement bruyantes bordées de petits shops. Nous arrivons finalement au bord de mer dans un petit parc où nous pouvons apprécié un peu de calme.
O. Nous rentrons en train pour récupérer nos sac et se rendre à un Meetup de Couchsurfing dans un irish pub. Car oui, Couchsurfing n’est pas seulement pour se faire héberger, c’est aussi pour rencontrer du monde et de plus en plus d’évent se montent pour ça. Le temps de boire une bière et un cocktail sans alcool pour moi, de discuter avec des indiens et nous voilà déjà reparti.
Nous avons un bus de nuit à prendre pour Aurangabad.
Pour rejoindre la station de bus c’est encore tout une histoire à raconter. Un homme s’approche de nous dans le train pour nous expliquer que le train va être surpeuplé et que si nous restons assis au milieu nous ne pourrons pas sortir du train. Il nous conseillé de nous rester devant une des portes du wagon (enfin je dis porte mais il n’y a pas de porte, c’est totalement ouvert). Et il avait raison, le train de rempli vite et ce même homme hurle quelques choses en hindi aux hommes se trouvant à nos côtes. On comprend vite qu’il leur dire de faire attention à nous car ils s’écartent tous de
nous pour nous laisser de l’espace. Le reste du trajet se fera dans la bonne humeur, ils continueront de faire attention à nous tout en discutant et rigolant avec nous. Au moment de la sortie, ils empêchent les gens de sauter pour monter dans le train alors qu’il n’est pas encore à l’arrêt (une habitude locale) pour nous permettre de descendre tranquillement une fois le train quasiment arrêté. Et c’est sous les bye bye d’une petite dizaine d’indiens se penchant en dehors du train déjà reparti que nous allons prendre notre bus.
Et surprise ! C’est un bus couchette, le premier pour moi. J’ai l’impression d’avoir 5 ans et d’être la veille de Noël, toute excitée devant cette nouvelle expérience. Mais le rêve va vite tourner au chaos. Impossible de dormir. Le lit est extrêmement étroit et j’ai l’impression qu’à chaque mouvement du bus je risque de tomber. Prochaine fois, je prends le lit du bas c’est sûr ! Puis, une envie pressente se faire sentir mais il n’y a qu’un seul stop et l’attente sera longue. À 1h30 on s’arrête enfin, je n’ai pas dormi du tout. Pause pipi bien méritée mais malheureusement, 1h plus tard, je dois à
nouveau y aller et cette fois ci le bus ne s’arrête plus avant l’arrivée vers 7h. Oh misère ! Qu’ai je fait pour avoir une vessie aussi petite ? Et ce bus qui
bouge ! Bref j’aurais peut être dormi 2h au total. Mais ça fait parti du voyage non ?
