BOSNIE : SARAJEVO & MOSTAR

5 avril 2018 Non Par ouestelle

Du 14 au 16 août 2016

Bon je vous remets dans le contexte : je voyage depuis plus d’un an, et le mois d’août 2016 c’est mon dernier mois. Je le passe dans les Balkans avec une copine. Je débarque de Serbie où nous avons quitté l’irlandais rencontré à Zagreb. Lui part vers le sud jusqu’en Turquie et nous on arrive à Sarajevo ! 

 

Je vous le rappelle, pour ce mois d’août, je me laisse totalement guidée. C’est ma pote qui a tout organisé. Moi je ne connaissais pas du tout cette partie du monde, c’est à peine si je savais placer les pays des Balkans sur une carte. Sarajevo, comme le reste des villes traversées, est donc une totale découverte. Et quelle découverte ! J’ai eu un énorme coup de cœur pour cette ville et pour la Bosnie en général. La ville est magnifique. Enfin, tout est subjectif c’est sûr mais moi j’ai adoré. Grâce aux époques qu’elle a traversée, il y a un mélange des styles tout a fait charmant. D’abord les ottomans qui ont apporté ici l’islam, les mosquées et les cimetières musulmans, les marchés en mode souk, le style quelque peu arabe… Contrairement aux autres pays du Balkans, les ottomans sont resté ici plus longtemps en place et donc le pays est resté musulman. En ce qui me concerne, c’est le premier pays musulman que je visite, et les mosquées datant du 16ème siècle y sont magnifiques. Puis l’empire Austro-Hongrois, ses bâtiments typiques et colorés et ses égises. Sans oublié le soleil qui baigne la ville et la végétation typique de cette partie du monde qui donne à la ville un air de village du sud de la France. La ville est super agréable. Je me répète mais J’ADORE. En plus, moi qui suis de plus en plus passionnée par l’Histoire, ici j’ai de quoi faire. Entre ces grandes civilisations qui se sont suivies ici,  l’assassinat de Franz Ferdinand qui a déclenché la première guerre mondiale, la Yougoslavie de Tito pendant la guerre froide puis la guerre toute récente, il y a de quoi faire. Les traces de la guerre si récente (de 1992 à 1995) sont d’ailleurs encore visibles, on voit des immeubles en ruine, c’est dur à voir, c’est vrai. 

Le 14 août 2016 

Aujourd’hui comme sur la quasi totalité de notre séjour dans les Balkans, on fait un Free Walking Tour. Le jeune qui nous fait faire le tour de la ville est super intéressant. Il nous explique en détail comment s’est déroulé l’assassinat de Franz Ferdinand (François Ferdinand en français), archiduc de l’empire AustroHongrois qui a été l’élément déclencheur de la première guerre mondiale. J’ai l’impression de retourner au lycée pendant un instant, « ah mais oui ! Ça me dit quelque chose ce nom ! « . On fait le tour de la ville, on voit plusieurs mosquées, on va jusqu’au cimetière musulman qui nous donne une superbe vue sur la ville. Le guide nous parle également de la guerre avec la Serbie. Il nous montre sur le sol de la peinture représentant l’impact des bombes, c’est troublant, touchant, impressionnant. Bref, je vous conseille vraiment de faire un tour guidé de la ville. 

Le soir, on se rend au café Tito, l’islandais avec qui ont été à Belgrade nous l’avait conseillé. Il se trouve un peu en dehors du centre mais la décoration vaut vraiment le coup d’œil. Le soir, en rentrant à l’hostel, on fait la rencontre de deux nouveaux irlandais qui nous accompagnerons à l’étape suivante : le village de Mostar ! 

On arrive à Mostar et là, deuxième coup de cœur. Mostar est principalement connu pour son pont magnifique. Avec ses vieilles pierres digne de la Provence, sa mosquées, sa rivière le traversant, ce village est superbe.

pont Mostar vu du ciel

On dort dans un petit hostel dont je ne me souviens pas du nom et nos nouveaux amis les irlandais eux logent dans un hostel plus grand. Nous les rejoignons pour la soirée et nous sortons tous ensemble avec d’autres personnes de leur hostel ainsi qu’un bosnien y travaillant. Je vous ai déjà parlé des romances de voyages et ben je crois que ce soir là, je suis un peu tombée amoureuse – où alors n’était-ce que physique et chimique ?  Peu importe, il était souriant, drôle, grand, barbu, sexy avec une voix grave à la Barry White. Dans le bar, tout le monde est autour de la table en train de discuter et de boire. Moi je me laisse entraîner par la musique même si personne ne danse dans ce bar. Je m’en fiche, je veux danser, je peux danser, je danse. Et là, mon beau bosnien me glisse à l’oreille « arrête de danser » – en anglais bien sûr. Il me sourit, je comprends bien que c’est un compliment mais je fais la fille qui ne comprend pas – « Pourquoi ? – Parce que tu me déconcentre et je n’arrive pas à discuter avec les autres « . C’est clairement de la drague, voir du rentre-dedans, mais qu’est que ça fait du bien ! Je me sens femme, belle, puissante. Bref, je me sens bien et des mois après, quand je pense à ce moment, je bombe la poitrine, fière. Merci à toi, sexy bosnien. 

Le 15 août 2016

Aujourd’hui, contrairement à notre habitude, nous ne faisons pas un Free Walking Tour mais une excursion payante et en plus en van. Tout est organisé, on n’a plus qu’à se laisser guider, ok c’est un peu cher – il me semble que c’était 25 euros, mais bon, ça valait vraiment le coup.

Notre premier stop se trouve sur les hauteurs du village au niveau de la croix qui le surplombe. Le guide en profite pour nous compter l’histoire de Mostar pendant la guerre avec les croates. Messieurs, Mesdames, c’est le moment mélodramatique du blog. Le guide est le premier que nous ayons eu dans notre séjour qui soit assez âgé pour avoir connu la guerre et s’en rappeler. Pour rappelle elle s’est déroulée de 1992 à 1995. Et donc ce monsieur, ne fait pas que nous raconter l’histoire, il nous raconte son histoire personnelle. Il nous explique que Mostar était divisé en trois : Les Serbes peu nombreux (orthodoxes), les Croates à l’ouest (catholiques) et les Bosniaques à l’est (musulmans). Ce sont les croates qui ont d’ailleurs mis en place cette énorme croix blanche éclairée la nuit sur la colline sur la quelle nous nous trouvons en défit aux bosniaques, elle se veut signe de domination religieuse, culturelle et identitaire. La ville a été bombardée, elle garde d’ailleurs encore aujourd’hui des marques de ce passé horrible. Des bâtiments sont marqués de coup de balle, d’autres sont complètement en ruine. Le pont, emblème du village et de l’empire Ottoman a été détruit par les Croates – il a été reconstruit en 2004 à l’identique. Les bosniaques n’avaient plus rien, et avec la destruction du pont ils se sont retrouvés enfermés dans leur ghetto, encerclés par les croates. Le guide nous explique que pendant ce siège, il a été chargé de faire des aller-retours entre le ghetto et l’extérieur car il avait l’avantage de courir vite. Ainsi il pouvait ramener aux bosniaques des vivres, des messages, de quoi survivre. Il nous montre ses cicatrices, des balles qu’il s’est prises, des fois où on lui a tiré dessus. Je suis sans voix, touchée, émue, et je vous l’avoue, j’ai même pleuré. Il nous raconte cette histoire incroyable, où une nuit, il voit au loin des caisses parachutés. Il court pour s’y rendre, et dans la nuit, il ouvre une caisse et affamé, commence à manger ce qui se trouve à l’intérieur, des genres de biscuits. Puis, repu, il ramène chez lui la caisse et ce qu’il reste à l’intérieur. Le lendemain, en plein jour, il peut enfin voir ce qu’il y a exactement dans cette caisse et surtout ce qu’il y a d’écrit dessus :  » Vietnam War ». Pour info, la guerre du Vietnam s’est terminée 20 ans plus tôt. Je suis choquée, ahurie, et tellement triste pour ce qu’on eu à vivre ces gens. C’est une vraie leçon de vie. Rien que pour ce récit, l’excursion en vaut le coup. 

Malheureusement cette division du village est encore présente aujourd’hui. Les bosniens de Mostar ce sentent soit bosniaques soit croates avant de se sentir bosniens. Il y a l’Est musulman de Mostar et l’Ouest catholique de Mostar. 

 

Voià, le moment mélodramatique est terminé, revenons à notre excursion. Nous avons ensuite visité un ancien tunnel souterrain construit dans le plus grand secret par Tito pendant la guerre Froide à l’époque de la Yougoslavie. Je ne sais plus pourquoi il avait construit ça mais c’est immense et impressionnant. Nous allons également aux cascades de Kravica. Pas fou, blindé de monde mais on en profite pour se baigner. L’étape suivante est elle, beaucoup plus intéressante : le petit village de Počitelj aux airs de Provence avec au sommet une superbe mosquée. J’adore.

 

Notre dernier stop se fait à Blagaj, au bord d’une rivière avec une jolie bâtisse, c’est très très jolie. J’en profite pour me goinfrer de figues qui poussent par ici comme des champignons. Je me régale 

Nous rentrons et nous nous retrouvons le soir, autour d’une bière, une australienne de notre auberge qu’on nous avions déjà croisé plus tôt dans notre voyage, un écossais, un allemand, ma pote et moi. Je n’oublierai jamais ce moment improbable où nous nous sommes mis à chanter nos hymnes nationales respectifs. C’était géniale, un moment vraiment unique, et c’est pour ces moments que j’adore voyager. Sans compter qu’avant nous nous étions retrouvées en tête à tête avec ma pote à boire un verre de vin  sur une petite terrasse donnant la rive de la rivière et donc nous offrant une vue magnifique sur le pont. C’était magique. Surtout que nous avions trouvé cet endroit totalement par hasard. Un mec nous a abordé sur une place nous demandant si nous voulions manger ou boire un verre, il ne payait pas de mine avec son gros ventre, son short, ses sandales et son tee-shirt taché mais nous l’avons suivi et quand il nous a emmenées sur cette terrasse, whaou magnifique. 

Et voilà, notre séjour se termine en Bosnie, on dit au revoir à nos amis rencontré ici, les deux irlandais rencontrés à Sarajevo, et on prend la route de Kotor au Monténégro !