
LA CARRETERA AUSTRAL
La carretera austral ! Ça fait rêver comme ça, non ? Pour les non initiés, carretera ça veut dire route, et australe, ben australe ! Techniquement c’est la route nationale 7 qui s’étend de Puerto Montt au nord jusqu’à Villa O’Higgins au sud. Petit cours d’histoire ? C’est parti, ouvrez vos livres page 40.
Donc, cette route a été mise en place grâce à monsieur le dictateur Pinochet pour essayer de relier tous ces patelins un peu pommés. Il faut savoir que les militaires qui ont réalisé cette route, ont dû passer des fjords, deux cols et les roches glaciaires. Autant dire que ce n’était pas un jeu d’enfant. La route est vraiment récente car elle a été terminée en 2000, et la moitié qui est actuellement goudronnée ne l’a été qu’en 2008. Bref, cette partie du monde a été pendant très longtemps complètement isolée et aujourd’hui encore c’est un peu une galère pour y sortir ou rentrer. Le plus simple est souvent de passer par l’Argentine.
Donc, plus encore que sur la terre du feu, je me suis vraiment sentie ici, au bout du monde. Pourquoi y aller ? Parce que c’est un petit bijou de la nature. Non pas la route en elle-même mais tout ce qu’elle traverse ! Voyons ! Volcans, montagnes, forêts, lacs, lagons, glaciers, fjords, l’océan, bref, vous avez à boire et à manger. Mais soyons, réaliste, il faut avoir le temps pour vraiment profiter de tout ça. Ce que malheureusement je n’avais pas, donc j’ai un peu survolé la carretera austral. Ça me donne encore une excuse pour revenir.
Alors, quelles sont les étapes incontournables ? Allons y du sud au nord.
Villa O’Higgins, petit village de 600 habitants, de toute façon, ici, il n’y a que des villages. À 7km au sud, on trouve un embarcadère on vous pouvez prendre un bateau pour aller encore plus au sud à travers les fjords du lac O’Higgins jusqu’au glacier du même nom. Par contre pour aller à Villa O’Higgins, il faut prendre un bateau pour traverser une rivière, la route australe n’est, en réalité, pas continue jusqu’à Villa O’Higgins.
Caleta Tortel, petit village dont la particularité est qu’il n’y a pas de route mais une passerelle de bois de 7,5 km. Vous l’aurez compris, c’est bien mignon. À partir de Caleta Tortel, vous pouvez prendre un bateau pour approcher le glacier Montt. Le troisième le plus étendue au monde !
Cochrane, une des plus grandes villes du coin, c’est qu’il y a quand même 3000 habitants ! Si je ne me trompe pas la ville en elle-même n’a pas grand intérêt mais elle n’est pas loin du lagon du même nom et surtout de la réserve naturelle Tamango, qui, selon certains, vaut le coup d’œil.
Puerto Rio Tranquilo, et c’est vraiment très tranquille, enfin, ça l’ait hors haute saison. On peut aller admirer les cathédrales de marbres sur le lac Général Carrera. Autres expéditions possibles : trek sur le glacier exploradores ou bateau dans le lagune San Rafael.
Villa Cerro Castillo, village et point de départ pour aller jusqu’à la formation géologique en forme de château d’où le nom « castillo ». (Qui veut dire château pour les non convertis à la langue de Frida Khalo).
Cohyaique, pas grand intérêt à part qu’on y trouve des banques ! Puis si vous avez vraiment du temps vous pouvez aller faire un tour au musée de la Pataganie ou vous balader dans le parc de Cohyaique qui est juste à côté.
Parc National Queulat (à lire keoulate) et son bosquet enchanté. Il parait que c’est super beau.
Puerto Raúl Marin Balmaceda, petit village accessible par bateau, un peu à l’écart de la route australe. Paysage de bout du monde et animaux marins en tout genre sont au rendez-vous.
Parc Pumalin et ses forêts humides, promesse d’une grande biodiversité.
Futaleufu, petit village charmant à la frontière Chili-Argentine. À 7 km, on y trouve un parc classé à la réserve de biosphère de l’UNESCO, propice pour les balades.
Le 10 mars 2016
J’arrive assez tard à Puerto Río Tranquilo après deux jours de stop. Je suis CREVÉE. Par chance, le mec qui m’a prise en auto-stop me dépose directement dans un hospetaje, pas besoin de réfléchir. Je regarde vite fait dans les hospetaje autour et je vois que j’ai eu le prix le plus bas que je puisse rencontrer ici : 10 000 pesos pour la nuit sans petit déjeuner sans rien. Bon, c’est la Patagonie, c’est cher.
Je discute avec fille qui partage la chambre avec moi et elle m’explique ce qu’il y a à faire dans le coin. Elle se rend avec moi où il y a tous les petits chapiteaux des agences de tourisme le long du lac pour réserver mon tour du lendemain : le trek sur le glacier exploradores. Je réserve avec la seule agence encore ouverte à cette heure là, de toute façon, ils proposent tous la même chose au même prix. Ça coûte environ 60 euros la journée (Entre 40 000 pesos et 50 000 pesos), donc cher pour moi, pauvre étudiante que je suis, mais c’est quelque chose d’unique, non ?
Je planifie également de faire le tour pour les cathédrales de marbres mais problème, je n’ai plus d’argent en liquide et comme partout en Amérique latine, ils ne prennent quasiment jamais la carte. Deuxième problème : PAS DE BANQUE ICI. Et ça c’est une galère. On m’explique que la banque la plus proche est à Cohyaique, soit à 4/5 heures de route. Humm, petite galère ! (À lire avec l’accent allemand). Solution d’urgence : à la station service, tu peux payer par carte et ils te donnent du liquide mais te prennent 10% au passage. Deuxième solution d’urgence et celle-ci sans frais : tu te postes dans un restaurant, à la station service ou à n’importe quel endroit qui prend la carte bleu, tu attends que quelqu’un veuille payer en liquide et tu lui proposes de payer par carte et qu’il te donne l’argent en liquide, en lui expliquant avec un grand sourire ta situation. Et voilà le tour est joué !
J’ai donc pu payer mes deux nuits, mon tour pour le glacier et celui pour les cathédrales de marbre. En parlant de ce dernier, il y a deux façons de le faire. Version courageux : en canoë, sympa, tu es autonome, c’est moins cher et tu peux rentrer plus en profondeur dans les formations géologiques. Version flemmarde : en bateau avec un guide, plus cher (8000 pesos), mais honnêtement, faire du canoë toute seule, je ne trouvais pas ça super fun surtout qu’il y a pas mal de km. Donc vous l’aurez compris, j’ai choisi la deuxième version.
Le 11 mars 2016
Rendez-vous à 8h si je me souviens bien. Ce qui est pratique dans ce village c’est qu’il est tout tout petit, du coup, où que tu dormes, le point de rendez-vous pour les tours est toujours à quelques minutes à pied. Je suis un peu en avance et j’en profite pour me connecter au wifi d’un restaurant puis d’aller prendre des photos du lever de soleil sur le lac, c’est magnifique. Puis on est parti !
Et bon je vais vous l’avouer mes petits, la première partie, j’ai un peu flippé. Tu flippes ? Ben oui et quoi ? Parce que avant d’arriver sur le glacier il faut marcher un peu. Un bout se fait dans la forêt, c’est sympa, mais la majorité du chemin se fait sur d’énormes rochers, plus grands que moi et même plus grands que toi. Tu dois les enjamber et entre deux rochers, c’est le vide ! Enfin, c’est bien profond. Je n’ai pas trop le vertige mais je ne suis pas spécialement à l’aise. En plus, j’ai cassé mes lunettes de vue (vous ne vous imaginez pas le nombre de choses que j’ai cassé pendant mon voyage), du coup, je vois flou de loin et j’ai l’impression que c’est encore plus profond. Donc, j’y vais au ralenti, je suis en retard par rapport au groupe et je hais intérieurement la guide qui fait ça tous les jours et donc va super rapidement. Bref, je kiff pas comme disent les jeunes. Puis on arrive sur le glacier, on se met les crampons, la guide nous explique comment marcher avec. Bon, ça n’a pas l’air sorcier comme dirait Jamy. En réalité, quand il faut monter ça me tue un peu les chevilles mais rien de grave. Car oui, un glacier ce n’est pas plat, pas du tout ! C’est en mode « vague » ou « dune de sable » comme vous le voulez. Donc ça monte, ça descend, ça monte, ça descend.
Ça me rappelle un peu mes trecks en Patagonie Argentine en moins difficile, beaucoup moins difficile. Mais honnêtement, j’en ai un peu marre de marcher. Du coup, je ne prends pas de plaisir et tout le long je me dis « quand est ce qu’on fait demi tour ? ». Bref je fais la française chiante et blasée. Je ne sais pas ce qui m’arrive mais je n’ai pas les poils qui se dressent. Je viens presque à regretter d’avoir dépenser autant d’argent pour ça. Le paysage est tout de même impressionnant. Et j’ai envie de me donner des claques de ne pas être en extase devant ce décor unique. Même la première partie caillouteuse avant de passer sur le glacier est incroyable. On à l’impression d’être sur une autre planète tout droit sortie d’un film façon Star Trek (Enfin, je ne l’ai jamais vu mais j’imagine). Tous ces tas de pierres, loin de tout, de toute trace de vie, j’ai envie de m’arrêter prendre des photos mais le groupe continue. J’ai l’impression d’être au cœur d’une scène d’après guerre intergalactique.
La partie glacier, en elle-même ne m’a pas fait kiffer aux premiers abords. Surtout qu’au début, le glacier est recouvert de pierres et de poussière. Ça fait un peu comme la neige sale après que tout le monde ait marché ou roulé dessus. En tout de même plus jolie, je dois l’avouer. Je n’ai bizarrement pas l’impression de marcher sur un glacier. Je ne sais pas, je ne réalise pas. Pourtant, j’y suis. Puis j’arrive sur la partie plus propre, plus lisse et là, petit à petit, la magie opère. Ça y est je m’en rend compte, put*in, « je suis en train de faire un trek sur un glacier quoi ! Truc de ouf ! ». Avec les montagnes en arrière plan, c’est magnifique.
Mais à peine le temps d’avoir la salive en bouche et ça y est, on fait la pause déjeuner avant de faire demi tour. D’ailleurs, la pause déjeuner est d’une tristesse absolue. Pourquoi ? D’abord, le panier repas est vraiment, VRAIMENT, très light. Un bout de pain avec une tranche de salami, une briquette, un gâteau et un chocolat immangeable fourré d’une genre de pâte à la fraise chimique. Puis, personne ne se parle. Les couples restent entre eux et ceux qui sont tout seul… ben restent tout seul ! J’essaye de poser des questions à la guide sur son parcours pro pour engager la conversation mais ce n’est pas non plus très folichon.
On fait le chemin retour en quatrième vitesse, j’ai l’impression que la guide est pressée. Je la hais de nouveau intérieurement. Arrivés de nouveau sur la partie « on passe d’un rocher à un autre » voir « on saute d’un rocher à un autre » je ralentis de nouveau mon rythme. Oui, je ne suis toujours pas à l’aise et je n’ai spécialement envie de me casser une patte. C’était sans compter sur la guide qui me demande de me mettre juste derrière elle en second. Je me sens donc obligée de suivre le rythme. Et ça va trop vite pour moi. À plusieurs reprises je me tors la cheville jusqu’à la fois de trop où je me fais vraiment peur et où je commence à m’énerver sur la guide. Qu’elle ralentisse la cadence m*rde ! On ne fait pas tous ça tous les jours ! Peut-être que les autres sont à l’aise mais moi non, c’est comme ça ! Mais bon, plus de peur que de mal ! Je boite quelques temps puis ça passe. Je reste quand même en colère contre la guide qui, j’ai l’impression, veut vite rentrer chez elle.
On rentre sur Puerto Rio Tranquilo et je réserve mon tour pour le lendemain pour les cathédrales de marbres. Je veux pouvoir faire du stop l’après-midi, je prends donc le premier à 9h. Le soir, je retourne voir les chiliens avec qui j’avais mangé mais crevée je rentre vite au bercail.
Le 12 mars 2016
Rendez-vous 9h sur les bords du lac. Je me retrouve avec un Américain et un couple d’Argentine. On n’est pas beaucoup, tant mieux. Le décor en ce début de matinée est magnifique. Le lac est d’une couleur bleu turquoise comme tous les lacs issus de glacier. Les montagnes en fond de décor sont juste découpées par les rayons du soleil, c’est splendide.
À vrai dire, pendant le tour en bateau, je vais plus admirer le paysage environnant que ces fameuses cathédrales de marbre. On passe d’un endroit à un autre. On rentre dans des genres de petites cavités. C’est impressionnant mais j’ai du mal à me rendre compte que c’est du marbre et beaucoup moins jolie que sur certaines photos que j’ai pu voir sur internet. Puis on va un peu plus loin et là ça y est, c’est comme sur les photos et c’est super beau. Je ne dirais pas non plus que c’est un truc de fou. Mais c’est vraiment beau surtout avec ce décor autour.
On rentre et je suis bien contente de ne pas l’avoir fait en canoë, c’est assez loin tout de même !
Je passe manger, récupère mes affaires, dis au revoir à mes amis chiliens du coin et me rends à ma sortie de ma ville pour faire du stop. Deux français sont déjà en train d’attendre ainsi que 4 autres personnes après. Je me pose avec les français en me disant que de toute façon je dois attendre que tout le monde passe. Avec les français, on parle bien, on se raconte nos voyages respectifs. Tellement que je ne vois le temps passer, il est vrai que ça fait déjà un moment qu’on attend. Mais je ne m’inquiète pas, il est 13h, les gens mangent.
Puis un chilien s’arrête, il les embarque. Je demande s’il a une troisième place et oui ! Je monte à l’avant ! Ce n’est pas très bien car je suis partie avant les autres personnes qui attendaient derrière alors que j’étais arrivée après mais de toute façon il n’avait qu’une place de plus et les autres sont tous par deux, autant que j’en profite. La route se passe dans une superbe ambiance. On discute, on rigole, on boit du maté. Je conduis même ! Bref, génial. Je lui explique que je n’ai pas d’endroit où dormir le soir et me propose de rester chez lui, ils sont sympas ces chiliens.
On cuisine à deux, on mange à deux accompagnés d’une bonne bouteille de vin, toujours dans la « buena onda ». On finit par sortir et danser toute la nuit. Ça fait un bien fou. Je resterai chez lui deux jours de plus sans vraiment rien faire. J’ai été me balader dans Cohyaique mais il n’y a vraiment rien à voir. Je passerai la majeure partie du temps à regarder des films. Petit à petit, le coup de barre du voyageur m’attrape et j’ai vraiment envie de me reposer.
Je ne comprends pas pourquoi je me sens comme ça et je me dis qu’il faut que je change de paysage et je décide donc de me rendre sur l’île Chiloé et de ne pas continuer sur la carretera austral. Je me rends donc à Puerto Cisney pour prendre le bateau pour Quellón au sud de Chiloé (12 000 pesos pour 11h de bateau).
Sur la route pour Puerto Cisney je regrette quelque peu de ne pas continuer sur le nord de la carretera austral car le paysage change complètement. C’est totalement vert c’est super beau. Quand je reviendrai dans le coin j’irai sillonner un peu plus cette partie du pays.
Encore une fois j’ai de la chance avec le stop et j’arrive rapidement à Puerto Cisney. Une voiture me dépose à un premier croisement ou je me retrouve avec deux israéliens que j’avais déjà croisés en faisant du stop. Ils m’expliquent qu’ils attendent depuis la veille et qu’ils ont campé là la nuit d’avant. Ils s’inquiètent que je n’ai pas de tente ni rien et me demandent où je compte dormir si personne ne prend. Car il vrai qu’on est au milieu de rien. Je leur réponds que je reste positive et que j’ai toujours eu de la chance. Effectivement, 10 minutes après, une camionnette passe et dit qu’elle n’a de la place que pour une personne. Les israéliens qui sont deux me regardent dégoûtés et me disent d’y aller « Effectivement, tu as de la chance ». Je l’avais dit, non ? Et le mieux c’est quelle se rend directement à Puerto Cisney. Que demande le peuple ?
Puerto Cisney, c’est mignon sans plus. J’y passerai juste une nuit chez une amie du chilien de cohyaique avant de prendre le bateau le lendemain. Après une longue traversée, j’arrive sur l’île Chiloé ! Conseil : prenez votre nourriture avec vous car sur le bateau c’est assez cher.