
EL CALAFATE & EL CHALTEN
Le 5 mars 2016
J’arrive sur Calafate et je m’organise tout de suite avant de me rendre chez mon hôte couchsurfing. Je vais acheter mes billets de bus pour me rendre au glacier Perito Moreno le lendemain. Ce glacier est connu car c’est l’un des seuls au monde, voir le seul (je ne m’en souviens plus), qui continue d’avancer malgré le réchauffement climatique.
Le prix du billet aller-retour pour se rendre au parc est exorbitant – 400 pesos. Pourquoi n’ai-je pas fait de stop pour y aller ? Je suis stupide.
Bref, j’arrive chez mon hôte et là encore une autre superbe expérience de couchsurfing s’offre à moi. J’ai l’impression de connaître le gars depuis toujours et je me sens tout de suite super à l’aise. Une américaine et une allemande sont également là. Après avoir passé 3 jours dans le parc sans quasiment parler à personne, ça fait vraiment du bien de rire et de parler dans cette super ambiance. Je propose à l’allemande de venir avec moi au parc, l’américaine y étant déjà allée Et voilà c’est fait, j’ai de la compagnie pour le lendemain ! Je me couche en commençant à m’inquiéter pour le timing du reste de mon voyage. Ça passe très vite et je n’aurai pas le temps de tout faire.
Le 6 mars 2016
En route pour le glacier Perito Moreno. Je n’ai pas beaucoup dormi, je suis crevée. L’allemande ne parle quasiment pas et je suis trop fatiguée pour relancer sans cesse la conversation. Tant pis, on marchera en silence. On commence à parcourir la passerelle qui longe la côte et qui offre une superbe vue sur le glacier. Effectivement c’est un truc unique. Mais franchement, ça ne m’a pas fait lever les poils. Le glacier du parc Torres del Paine était beaucoup plus époustouflant car il était bleu. Ok, on le voyait de plus loin mais sa couleur était vraiment extraordinaire. Que là, c’est un mur tout blanc. Et pendant les 4h où tu es sur le site tu vois toujours la même chose. Je ne sais pas, j’ai été un peu déçue je pense. Franchement, si vous avez vu le glacier Grey du Torres del Paine, pas besoin de voir le Perito Moreno, à moins de vouloir voir un glacier de plus près. Car, effectivement, on est très près. Ma camarade allemande rencontre un allemand qu’elle avait croisé au Brésil et là ils se mettent à parler je ne sais combien de temps en allemand. Je me fais clairement c*ier. Je me pose sur un banc et je m’endors au soleil. Puis, alors que je suis à moitié endormie, j’entends un argentin dire « le truc avec le glacier c’est que tu ne peux pas t’arrêter de le regarder ». (Je vous l’ai traduit – De rien). Et la d’un coup, je ne sais pourquoi, j’ai vu le glacier d’un autre œil. C’est vrai qu’il t’ensorcelle. Tu peux passer je ne combien de temps à rester planter là à le regarder en attendant le moment où va se détacher un bout du mur pour ensuite se fracasser dans la mer dans un bruit de tonnerre.
Je rentre sur Calafate et fais quelques courses : ce soir je cuisine ! On mange à 4 dans la bonne humeur. On discute, on échange, c’est génial, vraiment. Avec l’américaine on décide de partir le lendemain pour El Chalten en auto-stop.
Le 7 mars 2016
Je veux partir assez tôt pour aller faire de l’auto-stop mais on se réveille et pas d’eau ! On attend jusqu’à 12h pour voir si l’eau se met en route mais toujours rien, tant pis. On partira sans se doucher. On commence à marcher avec nos sacs énormes et je me rends vite compte que ça va être dur d’aller jusqu’à la sortie de la ville qui est vachement éloignée. Je demande à une dame qui rentre dans sa voiture si elle peut nous rapprocher de la sortie et là, ma chance est avec moi, elle habite à côté de la sortie et nous y amène directement. On passe le poste de contrôle de police et là… Me*de ! Je ne sais combien de personnes sont là en train eux aussi d’attendre une voiture.
Je repère deux espagnols qui étaient avec nous dans le bus la veille pour aller au Perito Moreno et commence à leur parler. Ils m’expliquent qu’ils sont là depuis 3 heures et que le gars après nous attend depuis la veille. Bon je ne désespère pas et me dit qu’au pire je prendrai le bus de 16h. Après 2h de plus à attendre, les gars partent et abandonnent.
Juste après leur départ, je prends un papier et écris aéroport. Je me suis, en effet, rendue compte, que toutes les voitures allaient à l’aéroport quasiment. Il se trouve à 10 bornes. Je me dis que ça sera déjà ça et que j’aurai peut-être plus de chance là bas. C’est complètement un coup de poker. Car en faisant ça, je prends le risque de me retrouver au milieu de nulle part sans tente pour camper. Et là, ça marche ! Une dame s’arrête et il se trouve en fait qu’elle se rend jusqu’au croisement avec la route pour El Chalten. Je discute un peu et elle nous dépose là bas. J’ai un peu honte de moi car les autres attendaient depuis beaucoup plus longtemps et nous on a attendu deux heures et on est passé devant les autres. Ce n’est pas bien ! Mais ne vous inquiétez pas, on a pris avec nous le gars qui attendait depuis la veille.
Arrivés au croisement, on se retrouve au milieu de rien et il n’y a pas une voiture qui passe. On a le temps de manger, de mettre de la musique et de danser. Moment inoubliable de danser avec cette américaine au milieu de la pampa ! Puis après 30 minutes, une voiture passe et s’arrête ! Le monsieur, gentil, nous ramène jusqu’à la maison de notre hôte couchsurfing. Car oui, ma chance est tellement avec moi que j’ai trouvé un couchsurfing dans ce petit village d’El Chalten ! Incroyable !
Je lui propose de cuisiner pour le dîner et il me propose de faire des empenadas ! Parfait ! Armée de la liste d’ingrédients je pars faire les courses avec Kristen (l’américaine). Je rentre dans le supermarché et là c’est la douche froide : qu’est ce que c’est cher ! Le paquet de pâtes coûte plus de 20 pesos alors que j’en avais trouvé à 10 pesos à Ushuaia ! Mais c’est comme ça à El Chalten alors tu n’as pas trop le choix.
C’est quand même la capitale du trecking ! Et chose très intéressante : pour une fois pas besoin de payer pour rentrer dans le parc et il y a des zones pour camper. C’est quand même marrant de se dire que ce village a été construit juste pour confirmer que cette partie appartenait à l’Argentine parce qu’il y avait conflit sur la frontière et qu’aujourd’hui c’est une référence pour le trecking. D’ailleurs, quand tu te balades dans le village, tu ne croises que des Backpackers avec leur bâton de marche. Il paraît que 500 personnes vivent ici mais je n’en ai croisé aucune, ou juste ceux derrière les caisses du supermarché. Je n’imagine pas comment cela peut être en pleine haute saison, ça doit être ultra blindé.
Et petite particularité de El chalten : les israéliens y ont pris le contrôle ! (À lire au second degré). Si vous allez vous balader un de ces quatre en Patagonie, vous allez vite remarquer que les touristes les plus présents sont les israéliens. Pourquoi ? Car après leur service militaire ils font tous le même trip en Patagonie. Et en plus, la majorité du temps, ils se baladent en groupe de 4 à 8 personnes. Du coup, on les remarque pas mal. J’en parle car c’est assez étonnant de voir des panneaux sur lesquels c’est écrit en hébreu, ou des hôtels quasiment réservés pour eux avec tout écrit en hébreu. J’ai un peu halluciné car la plupart du temps ce n’était même pas écrit en anglais.
Bref, fermons le chapitre israélien et revenons à nos moutons : les empenadas. Elles étaient bonnes ! Accompagnées d’un petit vin argentin, parfait.
Le 8 mars 2016
On se lève et direction le sentier de la laguna de los tres. On a de la chance, il fait super beau. On a une vue constante sur le Fitz Roy. Aller retour : 8h. Ça commence gentiment, c’est assez plat. On passe à travers une forêt, une tourbière, … Les paysages sont magnifiques avec toujours en fond de décor le Fitz Roy, objectif de la journée.
Par le plus grand des hasard on croise une hollandaise avec des israéliens que j’avais rencontrés dans le parc de Torres del Paine. Super ! On continue la route ensemble et on arrive au moment crucial où ça ne fait que monter jusqu’à la fin. Je me prépare psychologiquement et commence mon ascension seule pendant que les autres font leur pause pipi. Je préfère en effet faire la montée toute seule de mon côté, comme ça je vais à mon rythme et je ne me stresse pas. C’est que je commence à comprendre comment je fonctionne ! Et en effet, ce n’est pas facile. Mon cœur accélère beaucoup trop vite, ça m’apprendra à fumer ! Ça brûle dans les jambes mais ça, je commence à être habituée. J’ai fait le Torres del Paine, je sais que je peux le faire. Et finalement je m’en tire pas mal car les autres ne me rattrapent toujours pas. Je croise certaines personnes qui redescendent et qui me disent qu’il reste 15 minutes… J’ai bien l’impression qu’on se fout de moi car ça fait une heure qu’on me dit ça… Les autres finissent par me rattraper et on arrive (enfin) au clou du spectacle et là whaouuuu ! Un lac bleu turquoise se trouve au pied du Fitz Roz c’est magnifique. On fait notre pause déjeuner puis on s’approche du lac pour faire notre séance photo. Qu’est ce que j’ai de la chance d’être là.
On reprend la route du retour et la fatigue m’attrape. Je ne le sais pas encore mais cette fatigue va rester avec moi pendant plusieurs semaines. J’ai le coup de barre du voyage. J’en parlerai dans un autre article.
Du coup je rentre, je cuisine une petite ratatouille maison et je file me coucher. Pendant la nuit je pense beaucoup trop. Je me rends compte qu’il me reste moins de deux mois pour faire tout ce que je veux faire. Je commence à me stresser. Il faut que j’aille au nord le plus rapidement possible. Puis j’ai envie de changer de paysage, car quand j’y pense le Fitz Roy c’est exactement la même chose que les Torres del Paine. Dans mes plans je suis censée faire 2 jours de plus à El Chalten puis aller à Bariloche. Mais quand je regarde les photos de Bariloche je me dis qu’on a la même chose en Suisse et l’américaine me confirme que ce n’est pas le truc de fou. Je me tâte à passer du côté chilien pour aller faire la route australe. Une pote française qui vit au Chili me conseille en effet de repartir au Chili et que ce n’est pas grave si je zappe la région de Bariloche.
Bref je me lève et mon choix est fait : je pars aujourd’hui pour le Chili.
Le 9 mars 2016
Je pars pour aller faire du stop, je suis motivée et je reste positive. Un autre mec attend déjà et c’est tout naturellement qu’on se met à faire du stop ensemble car on se rend au même endroit. Pour lui c’est plus facile d’être avec une fille, les gens ont moins peur. Et pour moi comme pour lui ça nous fait de la compagnie. On attend peut-être une heure, à vrais dire je ne m’en souviens plus exactement. Mais je sais qu’on trouve une voiture qui nous emmène jusqu’au croisement, où j’étais deux jours avant en train de danser avec l’américaine. Puis une autre voiture nous amène au village de los tres lagos. Puis un camion nous avance de quelques centaines de mètres pour nous déposer au croisement suivant. C’est toujours ça de pris et au moins, je n’ai pas à marcher ces quelques centaines de mètres avec mon sac sur le dos.
Arrivés au croisements on trouve un genre de spot d’autostoppeurs. Il y avait un tas de pierres avec des messages ou des dessins laissés par ceux qui ont attendu là.
Sur le coup ça me faire sourire puis ça me fait peur… Combien de temps ont-ils attendu là pour avoir le temps de faire tout ça ? L’attente promet d’être longue. Mais en réalité non ! Ma chance est encore avec moi ! J’ai à peine le temps de laisser mon message sur une pierre et un chilien s’arrête. On monte avec lui et il nous emmènera jusqu’au village de Perito Moreno le lendemain. De là on trouve, une camionnette et deux voitures différentes pour arriver à Chile Chico ! On a réussi à parcourir toute cette distance en un peu plus de 24h sachant qu’on s’est arrêté pour la nuit, bel exploit.
Plusieurs personnes sont déjà en train d’attendre à la sortie de Chile Chico, dont deux français qui m’expliquent qu’ils sont là depuis plusieurs heures. Mon acolyte décide de rester à Chile Chico car il a un couchsurfing qui l’attend ici. Je décide de l’accompagner histoire de voir si son hôte aurait une petite place pour moi. Bon, ben non. Je retourne à la sortie de la ville et là surprise, les deux français sont partis et 4 filles sont en train de monter dans une camionnette. Je demande donc s’ils ont une place de plus pour moi et op, on embarque ! La route est sympa, on s’arrête même pour faire des photos.
On traverse un village, les gars m’expliquent qu’ils peuvent nous laisser là ou faire 10km de plus. Moi, je veux arriver à Puerto Rio Tranquilo, je leur dis donc que je tente et je fais les 10km de plus. Encore une fois c’est un coup de poker, car si personne ne me prend, je serai au milieu de nulle part. Ils nous déposent donc, les 4 filles et moi, 10 km plus loin au milieu de nulle part.
Et là je me trouve confrontée aux filles les plus niaises du monde. Je leur explique qu’il ne faut pas qu’on se lève les 5 et que si une voiture s’arrête, seule une ou deux d’entre nous doit y aller, pas plus, car sinon on va les effrayer. Je leur propose d’aller moi parler aux voitures, car je suis la seule à parler espagnol. Mais non, elles ne comprennent rien. À chaque fois qu’une voiture passait, elles se levaient toutes et si la voiture s’arrêtait elles se mettaient à parler toutes en même temps…. J’étais désespérée… Puis, je me suis un peu énervée, car merde, je ne veux pas dormir dehors de leur faute. Je leur promets qu’elles seront les premières à partir mais qu’elles me laissent faire merde ! (Whaouu elle s’énerve la fille). Bref, j’en fait partir deux dans une voiture puis je trouve une autre voiture pour m’emmener avec les deux autres.
Le conducteur sympa, me dépose à l’hospetaje le moins cher (qui est quand même à 10 000 pesos chiliens soit 14 euros) et m’invite à manger le soir avec ses potes. Je commence mon séjour sur la carretera australe !