
GUANAJUATO & MICHOACAN
Bon je rentre sur Aguascalientes (ville où j’ai vécu au Mexique) des USA le 4 janvier 2016 au soir, j’ai mon avion le 15 janvier au matin pour Cuba, qu’est ce que je vais faire entre les deux ?
Premièrement, me reposer, après plus d’un mois en mouvement constant, je me suis dis que rester 3-4 jours à Aguascalientes où je peux squatter chez un pote me ferait du bien. Histoire de me reposer, de m’organiser pour la suite et de dire au revoir une dernière fois à quelques personnes. Puis, je vais quand même pas rester 10 jours sur Aguascalientes ! Ça serait un gâchis !
Du coup je prends le bus pour Guanajuato ! Cette ville est décrite dans les guides comme un incontournable et elle est à quelques heures d’Aguascalientes, ça serait dommage de ne pas y faire un tour. Je réserve un couchsurfing pour le samedi 9 janvier en pensant arriver le matin et visiter la ville l’après-midi. Mais mon couchsurfeur avait un autre plan. Je me suis retrouvée avec des potes à lui et surtout quelques bouteilles de Vodka. C’est ça que j’aime ! Les fêtes improvisées, ce sont toujours les meilleures et ça permet de rencontrer du monde, c’est cool. Bref super expérience de couchsurfing. Le lendemain je me suis quand même bougée pour aller visiter Guanajuato. « Et alors, c’est comment ? » vous allez me dire. Ben c’est pas mal. Ça ne casse pas trois pattes à un canard mais c’est vrai que c’est joli. Il a plusieurs musées et d’autres choses que je n’ai pas faites. J’ai préféré déambuler au grès du vent, dans les ruelles et dans le marché jusqu’à arriver au Pipila, mirador qui offre une vue sur toute la ville et les montagnes environnantes (non ce ne sont pas les toilettes publiques). Vous pouvez y accéder avec un téléphérique si ça grimpe trop pour vous. La vue est vraiment superbe. Ces maisons typiques mexicaines au toit plat, colorées, ces églises magnifiques et autour les montagnes arides. C’est le rendez-vous incontournable des touristes, du coup, il y a du monde. Mais ça reste calme et tranquille tout de même, j’y ai même fait une sieste (je vous rappelle que j’ai fait la fête la veille).
Puis j’ai rencontré un japonais qui voyageait seul lui aussi, c’est assez rare pour le signaler ! On a passé le reste de la journée ensemble, à bavarder en se promenant.
Quelques informations supplémentaires ici.
Dans les alentours, il y a San Miguel de Allende qui est classé comme Pueblo Magico (village magique). Le gouvernement mexicain a mis ce genre de promotion en place pour développer le tourisme. Pour nous voyageurs c’est aussi pratique : on sait ce qu’il y a à voir. Pour San Miguel, on m’a dit que ça valait vraiment le coup d’œil et que c’était un peu dans le même genre de Guanajuato mais en plus petit. Oui j’ai bien dit « on m’a dit » car comme j’ai passé une journée à faire la fête, mes plans ont changé et j’ai préféré continuer vers ma prochaine destination : Morelia.
Morelia est la capitale de l’État de Michoacán, et fut une superbe surprise. C’est totalement différent de ce que j’ai vu au Mexique jusqu’à présent. Les bâtiments ne sont pas colorés, ils sont en pierre grise, et ils sont ornés de gravures, mais pas version too much comme à Mérida dans le Yucatan. Ça m’a fait penser à un mixte entre Arequipa et Cuzco au Pérou.
J’ai passé la journée à me balader dans ses rues, à aller d’une église à une autre, car c’est un peu la ville aux milles églises. La plus belle, ou plutôt la plus surprenante c’est le temple de San Diego. De l’extérieur, il paye pas de mine, pour tout dire, il est même bof. Et quand tu rentres, whaouu ! Tous les murs, du sol au plafond, sont recouverts d’ornements dorés. Je ne dis pas que j’aime bien, j’avais l’impression d’être chez ma grand-mère avec tout ses bibelots qui étouffent sa maison, mais c’est tout de même très impressionnant. Et j’en ai quand même visité des églises, mais c’est la première que je vois dans ce style, un peu kitch, un peu bling-bling.
Par contre, chose très intéressante dans ce temple : les tableaux. Ils représentent des scènes de l’évangélisation selon les espagnols. C’est super intéressant de voir comment, via ce genre de représentation, ils ont voulu convaincre les civilisations préhispaniques :
Les anciennes croyances sont clairement décrites comme quelque chose de mauvais et destructeur alors que le catholicisme est peint comme étant le salut du peuple. Petite parenthèse deux secondes : je ne comprends pas pourquoi il y a eu ce changement de stratégie chez les espagnols lors de l’invasion du Pérou et du Mexique. Au Pérou, ils ont convaincu la population en intégrant leur religion de base au catholicisme. Par exemple, dans une église, ils avaient mis en place un soleil, représentant l’un des dieux de l’époque ou, autre exemple, lorsqu’ils leurs avaient demandé de repeindre le tableau du dernier repas de Jésus, les natifs avaient remplacé le pain et le vin par des mets de leur région comme le maïs et le cochon d’Inde. C’est pour cela qu’aujourd’hui au Pérou il a toujours un mélange entre les deux religions. Ils sont catholiques, mais croient également en la Pacha Mama, la mère terre. Alors qu’au Mexique, toute trace des anciennes religions a été effacée. Ils sont venus, ont envahi le pays, et ont tout remodelé selon leur vision. Étrange, non ? Pourtant c’est exactement le même modèle, les espagnols qui viennent envahir un pays régit par différents peuples polythéistes croyant plus ou moins aux mêmes choses et pratiquant le même genre de cérémonies. Bref, parenthèse terminée, on peut revenir à nos moutons.
Autre chose que j’ai apprécié à Morelia : j’ai pu y assister à une manifestation comme ce que l’on peut voir en France. Des jeunes avaient envahi la place centrale de la ville à l’aide de tentes et de banderoles réclamant la liberté de 30 étudiants condamnés pour avoir manifesté contre de nouvelles lois. Quel plaisir de voir ça ! En 6 mois au Mexique, je me demandais si les mexicains étaient réellement libres de s’exprimer. En effet, il y a un an et demi, 43 étudiants ont disparu et j’avais l’impression que tout le monde s’en foutait ou qu’ils ne faisaient rien par peur du gouvernement ou parce qu’ils pensaient que ça ne servirait à rien. À ce moment là, je me suis rendue compte qu’on avait de la chance, nous les français, de pouvoir manifester dans la rue. Avant je pensais que c’était beaucoup trop, que l’on méritait notre réputation de râleur, mais aujourd’hui je me dis qu’il vaut mieux trop que pas assez. Tout ça pour dire que j’admire le courage de ces jeunes à Morelia. J’espère qu’ils pourront avoir gain de cause et qu’ils tiendront bon.
En conclusion, jolie surprise, je me suis rendue à Morelia juste pour ensuite aller voir les papillons (j’en parlerais après) et finalement j’ai bien aimé. Je ne m’attendais pas à ça.
Les papillons ! Plus exactement la Mariposa Monarca, le but du voyage ! Il faut savoir que le papillon est l’un des symboles du Mexique. Il est d’ailleurs imprimé sur les billets de 50 pesos, qui plus est, est rose, pas très virile tout ça ! Alors pourquoi ce symbole du papillon ? Car le Mexique est la destination de vacances de ce dernier. En effet, chaque hiver, les papillons du Canada, parcourent des milliers de kilomètres pour venir passer l’hiver dans l’État du Michoacán au Mexique. Pourquoi ici ? On n’en sait rien. Surtout que, chose très surprenante, ils ne viennent pas dans une région chaude comme on aurait pu le croire. Au contraire, ils vont dans l’une des parties les plus froide du pays. Et il a été montré que chaque année, ils vont dans la même forêt, sur les mêmes arbres exactement. Comment font-ils pour se souvenir du chemin d’une génération à l’autre ? Mystère et boule de gomme.
Étant pas très loin et dans la bonne période, ça aurait été dommage de passer à côté de cette chose unique au monde. J’ai donc pris un tour à mon hostel pour aller jusqu’au sanctuaire des papillons. Combien j’ai payé ? Beaucoup trop cher ! 600 pesos, mais comme je n’avais pas le temps, je n’avais pas vraiment le choix. En plus quand j’ai réservé le tour ils m’ont dit que l’entrée de la réserve (45 pesos) et un repas était inclus, que nenni ! Avec certitude, vous pouvez trouvez moins cher. Sinon il y a toujours la solution d’y aller par son propre chef, en accumulant bus et taxis, ça revient beaucoup moins cher mais ça prend plus de temps. Tout est expliqué sur ce site.
Bref, départ 7h du matin, arrivé vers 11h, et après une petite grimpe de 40 minutes, on les voit enfin. Alors au début le guide nous dit de regarder au loin, mais je ne voyais rien, je ne comprenais pas. Puis on m’explique « Tu vois les trucs noirs sur les branches qui ressemblent à un tas de feuilles mortes ? Ben ce sont les papillons ». Effectivement de loin, c’est marron/noir et ça ressemble à des feuilles mortes.
Puis on se reproche, et la première chose que l’on voit ce sont toutes ces ailes de papillons morts sur le sol, il y en a par dizaines, c’est impressionnant. Car il faut savoir que les mâles viennent ici pour mourir. Il n’y a que les femelles qui ont la force de refaire le chemin de retour pour pondre les futures générations puis mourir à leur tour. Donc ce sanctuaire est également un immense cimetière. Puis parmi les morts, il y a les vivants, qui sont là sans bouger sur le sol. Mais la majorité des papillons est endormie, sur les arbres. Ils sont accrochés les uns aux autres je ne sais comment et forment d’énormes grappes qui ressemblent de loin aux feuilles mortes dont je parlais plus tôt. C’est assez déroutant car comme on ne peut pas s’approcher de beaucoup, on ne voit que ces grappes marrons. Mais grâce au zoom de mon appareil photo j’ai pu y regarder de plus près et effectivement ce sont bien des centaines voir des milliers de papillons, qui sont là, endormis, sans bouger. Impressionnant !
« Bon plan pour Morelia : j’ai dormi à la Casa Azul, 150 pesos la nuit en dortoir, avec petit déjeuner, wifi, à deux pas de la cathédrale. Bon c’était un peu bizarre car j’étais la seule dans l’hostel, c’est ça d’être en hors-saison »
Le soir même j’ai pris le bus pour Patzcuaro, le but étant ensuite de rejoindre Urupuan et la plage par la suite. Malheureusement, la météo était contre moi et je me suis rendue compte que je n’aurais pas le temps de tout faire de toute façon. Alors j’ai passé les deux jours qu’il me restait à Patzcuaro. Ce village est connu pour son lac et une ruine qui n’est pas très loin. Et je n’ai fait ni l’un ni l’autre. Le premier jour je voulais aller marcher jusqu’au volcan Escrito qui offre une superbe vue sur le village et le lac selon internet mais la pluie, le froid, le ciel tout gris m’a encouragée à rester sous la couette. J’ai quand même était faire un tour dans le centre village dans l’après-midi et là, encore une fois, agréablement surprise. Les maisons sont toutes similaires, rouge en bas, blanc en haut, avec toit en tuiles qui dépassent. Même ce qui devrait être une enseigne est ici peint avec élégance directement sur le mur, en rouge et noir.
Ça change des maisons au toit plat que l’on trouve partout, pas terminées avec la ferraille qui dépasse en provision d’un futur agrandissement, ou pour ne pas payer d’impôt, comme en Grèce. Ici, tout est en harmonie, ça a son charme. Et il y a plein de petites églises, dont une transformée en bibliothèque, pourquoi pas ? Je conseille également d’aller faire un tour à la maison des je ne sais plus combien patios. En fait, chaque pièce de la maison est une petite boutique, mais on peut y voir les artisans travailler leur art, c’est super beau. Donc en conclusion, petit village bien sympathique et typique. Mais attention dès qu’on sort du centre on retourne dans de la maison à moitié finie, sans peinture sans charme particulier.
Le deuxième jour, découragée par la pluie, j’ai préféré rester au chaud et planifier la suite de mes aventures.
« Bon plan hôtel : La Casa del Sol. À deux pas du centre et de la centrale d’autobus. Rapport qualité prix imbattable : 120 pesos la nuit ! OK sans petit-déjeuner et avec de l’eau pas très chaude mais avec Wifi ! »