VIVRE LE VENDREDI NOIR LOIN DE SA PATRIE
Mon blog est un un blog sur les voyages mais j’avais également envie de parler de cet événement effroyable. Car en effet, le vivre de si loin c’est tout autant marquant.
Le jeudi 12 novembre, un taxi m’a volé ma carte bleue et j’avoue que sur le coup, j’étais effondrée. Je me sentais en insécurité de vivre sans carte bleu au Mexique. Puis j’ai lu les nouvelles sur ce qu’il se passait en France. Et tout a changé.
J’ai un peu vécu les événements en direct car j’étais en train de parler avec une amie qui s’est retrouvée bloquée dans un bar à l’annonce des fusillades. Sur le coup, j’ai cru que ce n’était pas grand-chose. Je me suis branchée sur les infos en continu, et là j’ai vu le nombre de morts augmenter de minute en minute.
Le premier sentiment que j’ai ressenti fut de l’incompréhension. Comment est-ce possible ? Dans mon pays ? Dans un des pays les plus importants du monde ? Puis la peur est vite arrivée, j’ai essayé de contacter mon frère, mes amis, ma famille, tout ceux que je connais qui habitent Paris. Une fois rassurée de savoir que tout le monde allait bien, j’ai pleuré. J’ai pleuré pour tous ces gens morts, pour toutes ces familles en deuil, pour ce pays en deuil, pour mon pays en deuil. Le vivre de si loin, c’est dur. J’avais envie d’être avec mes proches et je ne pouvais pas. Je sais que je n’aurais rien pu faire si j’avais été en France, mais j’avais envie d’y être. Je suis restée connectée aux informations pendant plus de 4 jours non-stop. Je lisais les témoignages et je me remettais à pleurer. Comment est-ce possible ? Je m’imaginais à la place des gens enfermés dans le Bataclan, c’était un cauchemar. Voir ces images de guerre dans mon propre pays, en France, c’est un cauchemar.
Maintenant je suis en colère. Je n’ai jamais été pour la guerre mais lorsque les mexicains me demandent aujourd’hui ce que je pense des frappes militaires françaises en Syrie, je réponds que c’est bien. Alors que je sais au fond que c’est juste une merde de plus, mais c’est la colère qui parle. Et je suis également en colère contre le gouvernement français, car cela fait des mois que l’on sait que ça nous pend au nez, et ils n’ont rien fait. Comment un pays comme la France ne peut pas avoir les informations nécessaires pour éviter ce genre de massacre ? Je ne sais plus quel politique a dit que désormais il faudrait interdire aux français partis faire le Jihad de revenir en France… Parce qu’on attend qu’il y ait 130 morts pour réfléchir à ça ? Sérieusement ? Je me souviens d’un reportage sur des soldats français partis en Syrie qui disaient vouloir tuer le plus possible de français du côté de Daesh pour les empêcher de retourner au pays. Sur le coup, ça m’avait choquée. Aujourd’hui, je comprends et, pire, je suis d’accord.
Alors peut-être est-ce dû à la distance, mais j’ai vraiment été marquée et l’histoire de ma carte bleue me paraissait tellement stupide après ça. Alors que lors des événements du 11 janvier, j’avais réagi totalement différemment. Ce n’est pas que ça m’avait fait ni chaud ni froid, mais je ne comprenais pas ce mouvement mondial pour soutenir la France, et surtout je ne comprenais pas ce « Je suis Charlie ». J’avais l’impression que pour paraître bien il fallait être Charlie et moi je n’étais pas d’accord avec ça. Je ne suis pas Charlie, je n’étais pas et je ne suis toujours pas d’accord avec le journal. Et après le 11 janvier, ce « Je suis Charlie » qui m’énervait tellement m’avait presque fait oublier les morts.
Alors, je sais que le 11 janvier et le 13 novembre sont totalement différents. Le 13 novembre ça été un massacre, ils tiraient dans le tas, il n’y avait pas de cible, la cible c’était l’Humanité. Mais je pense également que c’est le fait d’être si loin qui m’a fait réagir totalement différemment entre les deux attentats. En janvier, j’avais répondu qu’il y avait des massacres beaucoup plus graves chaque jour dans le monde et qu’on en faisait pas autant. Cela me paraissait injuste pour le reste du monde. Aujourd’hui, je l’avoue, je suis égoïste et j’oublie le reste du monde. Pour tout dire, je me suis même énervée avec les mexicains qui mettaient sur Facebook que c’était injuste que l’on parle de la France et non des meurtres au Mexique qui se déroulent chaque jour. J’étais tellement en colère, j’avais envie de les insulter pour leur manque de compassion alors qu’en janvier, j’étais la première à parler de ce qui se passe dans le reste du monde.
Et encore une fois, j’étais fière d’être française. Car si tout le monde parle de la France c’est parce que les français parlent, les français pleurent et le montrent, les français vont dans la rue, les français s’expriment. Aujourd’hui je comprends un peu plus pourquoi le monde se soulève avec la France. C’est parce que nous nous soulevons.
Avant, je trouvais ça ridicule que les français aillent dans la rue dès qu’ils ne sont pas content, aujourd’hui je comprend que c’est notre force. Nous sommes le pays de la révolution et nous devons le rester. Quand je vois qu’ici, au Mexique, il y a 30 ou 40 étudiants qui disparaissent, et tout le monde se tait. Mais comment est-ce possible ? On parle quasiment plus de ça dans les informations étrangères que dans les informations mexicaines. Il se passe ça en France, mais le pays se soulève ! Jamais on ne laisserait ça passer. Quand les lycéens et collégiens avaient été manifester pour une fille qui s’était fait expulsée du pays, j’avais trouvé ça ridicule. Aujourd’hui je dis que l’on doit continuer. Alors oui, un français c’est chiant, ça râle, ça s’exprime, des fois trop, mais il vaut mieux trop que pas assez.
Nous sommes français, nous ne arrêterons pas de boire des coups, de sortir, de faire la fête, de baiser et de vivre pour une bande de cons. On me demande ici si j’ai peur de retourner en France, je n’ai pas peur, je suis en colère.
« Ne mettez jamais en doute le courage des Français, ce sont eux qui ont découvert que les escargots étaient comestibles. » – Doug Larson
Et s’il vous plait, amis français, ne faites pas d’amalgames, restons en paix avec les musulmans qui n’ont rien à voir avec ces monstres.